martes, 25 de agosto de 2009

UNE ENTREPRISE DÉSESPÉRÉE?

On n'ignore pas qu'on ne réussira jamais parfaitement, que le lecteur aura toujours le droit de vous faire des reproches, souvent faux, parce qu'il ne tient pas compte de la complexité du problème, mais justes aussi, parfois. Au moins, aura-t-on ser vi de relais à ces grands poèmes vers un nouveau groupe de lecteurs, et c'est indispensable. Après tout, les trois quarts de ce que nous lisons est traduction. Nous lisons la Bible en traduction, les poètes chinois, les poètes japonais, les poètes hindous, Shakespeare quand on ne sait pas l'anglais, Goethe quand on ne sait pas l'allemand. On serait très limité si on ne disposait pas de traductions. Mais en mème temps, c'est une responsabilité grave pour le traducteur; l'oeuvre de quelqu'un d'autre est mise entre mes mains, et je sens bien que je ne réussirai jamais à tout donner, à tout rendre.

Marguerite YOURCENAR de l'Académie française. "Les yeux ouverts"

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